Depuis 23 mois, partout dans le monde, la société civile descend dans la rue pour montrer sa solidarité avec le peuple palestinien. Elle dénonce l'horreur du génocide à Gaza, le nettoyage ethnique en Cisjordanie et l'impunité d'Israël. Cette mobilisation est face à un mur : le refus honteux d'une majorité d'Etats, dont la Suisse, de sanctionner Israël. Un mur que les actions victorieuses de boycott, la détermination à ne pas quitter la rue tant que le génocide et la colonisation continuent et les choix courageux de quelques Etats, commencent à fissurer.
PFC'E a organisé plusieurs projections Hors Festival sur le thème « ça n'a pas commencé le 7 octobre 2023 » et participé à « Boycottez Allianz, boycottez la Journée du cinéma ».
« Le cinéma est mémoire, le cinéma est résistance » Palestine Film Institute
Dans ce contexte difficile, la production cinématographique palestinienne a été logiquement ralentie. La commission de programmation de PFC'E a alors décidé de se plonger dans la richesse du cinéma palestinien : du cinéma révolutionnaire (60'-80') au nouveau cinéma palestinien (dès 1982), jusqu'à aujourd'hui.
Nous avons été surpris par les forts liens qui existent entre les films anciens et récents :
. Du Conte des 3 diamants, aux courts-métrages de Gaza Stories, nous parcourons la bande de Gaza occupée, oasis luxuriante en 1995, terre rasée en 2025.
. Ce que l'on croyait être les questionnements récents de jeunes cinéastes, étaient déjà présents au début du cinéma palestinien : la place des femmes dans la société, la liberté d’exprimer les corps à l’écran, l'effacement programmé de la culture, entre autres.
. Aussi bien les deux soeurs de Thank You for Banking with Us (2025), que la première juge d'un tribunal islamique dans The Judge (2017), ou encore Farah et Saher, veuve, divorcée, dans Mémoire fertile (1982), affrontent à leur manière les normes du système patriarcal.
. Avec le génocide à Gaza et le nettoyage ethnique de toute la Palestine, beaucoup ont enfin compris que l'effacement de l’identité et de la culture palestiniennes est au cœur du projet sioniste. Pourtant, il y a 40 ans déjà, des films comme The Shadow of the West d'Edward Said (1984) ou Palestinian Identity (1984) réalisé par la Palestinian Film Unit (OLP), étaient centrés sur ce sujet.
Cette 14ème édition propose des films qui relient les générations, où les jeunes interrogent leurs aîné.e.s, avec l'exigence de maintenir vivante la mémoire collective. Les projections Hors Festival d'octobre et novembre 2025 s'inscrivent dans cette démarche.
Gaza 2025 Des cinéastes continuent de créer malgré tout, témoins des ravages déshumanisants du génocide mené par Israël.
Dans deux autres films, nous écouterons la voix de journalistes gazaoui.e.s, dont tant ont été victimes des assassinats ciblés israéliens. Lors de la table ronde qui suivra, organisée en collaboration avec Le Courrier, nous débattrons du traitement journalistique du génocide à Gaza, scandaleusement biaisé par la majorité des médias.
L'exposition de cette année sera dédiée à une jeune créatrice palestinienne vivant à Genève.
PFC'E remercie le MEG d'accueillir les Rencontres pour leur ouverture et leur clôture, fier.e.s que cette institution intègre le cinéma palestinien à sa démarche décoloniale.
La présence à Genève de 5 cinéastes palestinien.ne.s est essentielle : Michel Khleifi, qui a participé à notre 1ère édition en 2012, Laila Abbas, dont le 1er long-métrage de fiction sera notre film d'ouverture, Sohail Dahdal, Waseem Khair et Nada Khalifa.
Le comité
13.10.2025